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Zappiste
(enthusiast)
6/11/03 06:39 AM
142.169.152.18
Le plus grand des paradoxes [Post#: 2910 ] Reply to this post

Le plus drôle, à moins que ce ne soit le plus effrayant c'est que tout le monde a raison. Par le plus grand des paradoxes, tout le monde a tort aussi.

Pubdate:jeudi 29 mai 2003
Source: Le Soleil (Canada)
Copyright: © Le Soleil
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Website: http://www.cyberpresse.ca/soleil/

Crack Pot
Provencher, Normand

Tout le monde a son opinion sur le sujet. Qu'on soit riche ou pauvre,
péquiste, adéquiste ou existentialiste (surtout existentialiste), qu'on
reste à la ville ou à la campagne, qu'on sache de quoi on parle ou pas.

Le plus drôle, à moins que ce ne soit le plus effrayant, c'est que tout le
monde a raison. Par le plus grand des paradoxes, tout le monde a tort aussi.
Car la réponse, la seule et unique, celle qui viendrait dire à l'un des deux
camps de prendre son trou, se trouve Dieu sait où, quelque part dans une
dimension qui nous échappera toujours.

La décriminalisation de la marijuana, sujet encore plus vaste et complexe
que le débat sur la couleur de la margarine, est de retour dans l'actualité.
Rien n'est encore coulé dans le ciment, on parle d'un projet de loi qui
pourrait mourir au feuilleton, ça n'empêche pas les passions de se déchaîner
comme les colosses dans un ring de la WWE. C'est ce qui fait toute la beauté
- et le malheur - de cette belle invention qu'est la démocratie et de son
indispensable dérivé, la tribune téléphonique.

Loin de moi l'idée de m'ériger en expert, mais puisque tout le monde a son
mot à dire, pas plus fou qu'un autre, je me lance. C'est que moi aussi, dans
une autre vie, j'ai déjà fumé, si peu mon Père, sauf que je n'ai pas inhalé.
Petit futé que j'étais, je voyais venir les questions insidieuses des
journalistes, dans l'éventualité où le conseiller en orientation de mon
cégep aurait vu en moi un futur premier ministre ou, le cas échéant, un
président de Chambre de commerce.

Bon, on parlait de quoi encore ? Ah oui, de décriminalisation de la mari et
du projet de loi déposé par le ministre fédéral de la Justice, Martin
Cauchon. Si elle a un mérite, cette idée, c'est bien celui de faire cesser,
du moins un peu, le jeu de l'autruche, celui qui nous empêche de voir le
monde d'aujourd'hui tel qu'il est plutôt que de l'imaginer comme il devrait
être. Particulièrement en matière de consommation de drogues.

Qu'on le veuille ou non, qu'elle soit douce ou forte, la drogue est
aujourd'hui partout. Ce serait même une invasion barbare aux yeux de Denys
Arcand, comme s'il n'était rien arrivé en ce domaine, dans l'histoire de
l'humanité, avant l'explosion de la consommation d'héroïne sur le plateau
Mont-Royal, mais ça, c'est un autre débat.

La proportion de gens qui consomment du cannabis est à la hausse, surtout
chez les jeunes. On aura beau s'indigner, se plaindre au docteur Mailloux,
écrire à son député, on n'y peut rien, il s'agit d'une tendance lourde de la
société. Dès lors, il ne s'agit pas d'entrer dans un débat manichéen, du
genre fumer du pot c'est mal, ne pas en fumer c'est bien et il faut tout
faire pour punir ceux qui ne veulent rien comprendre - c'est ce qu'on fait
depuis des décennies, sans succès, les chiffres sont là pour le prouver -
mais il s'agit plutôt, dis-je, de reconnaître une fois pour toutes le
problème et de trouver une façon de faire avec.

* * * * *

Pas simple, pas simple du tout ce débat, comme je le disais plus haut. Tout
le monde il a tort, tout le monde il a raison. Sur la nocivité du pot, par
exemple. On aime dire que ce n'est pas pire que l'alcool. Peut-être bien que
oui, peut-être bien que non, allez savoir, il y aura toujours une étude
scientifique pour en contredire une autre.

Comme moi, vous devez sûrement connaître des gens qui fument depuis des
années leur petit joint, le samedi soir, une fois que les enfants font dodo.
Plutôt que de vider un six-pack ou deux bouteilles de vin, c'est la façon
qu'ils ont trouvée pour relaxer dans notre monde de fous. Est-ce que ça les
a rendus gagas pour autant ? Développeront-ils un cancer à cause de cette
habitude et si oui, allez donc trouver une relation de cause à effet ?

Et puis, ce joint du samedi soir, est-ce que ça les empêche d'être de bons
citoyens, de bons parents, d'avoir une vie spirituelle, de donner à
Centraide et de prêter une oreille compatissante au voisin qui a des
problèmes ? Foutre un casier judiciaire à ces gens sans histoire, parce que
la police aura trouvé un joint oublié dans la poche du manteau de monsieur,
est-ce une façon de rendre service à la société ? N'y a-t-il pas un moyen
plus XXIe siècle de composer avec cette réalité ?

* * * * *

Je vous entends réfléchir comme le prophète de Khalil Gibran. Et les ados,
qu'en est-il des ados, si enclins à tout essayer juste pour le kick
d'essayer ? Ne risquent-ils pas d'être les premières victimes de ce
soi-disant laxisme ? Pour être honnête avec vous, je n'en sais fichtrement
rien. Un ado sera toujours un ado et attiré par l'interdit. S'il veut
prendre du pot, il trouvera toujours le moyen d'en prendre, et là-dessus,
aucun parent n'y peut rien. C'est du domaine de l'impossible, tout comme il
relève de l'impossible de comprendre pourquoi des jeunes restent accrochés
alors que d'autres vont passer à autre chose après avoir essayé.

Il reste la confiance, oserais-je dire. La confiance qu'on a en eux, la
confiance qu'on a mise dans leur éducation, la confiance en nous, la
confiance en la vie quoi. C'est bien peu, mais c'est quand même mieux que de
se mettre la tête dans le sable.

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