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Zappiste
(enthusiast)
9/14/03 09:07 PM
142.169.109.72
«La droite pinard contre les pétards» [Post#: 3017 ] Reply to this post

Le CIRC . Communiqué: «La droite pinard contre les pétards» - Un peu de culture: «Mythologie classique et prohibition»

La droite pinard contre les pétards


Cela tient presque de la caricature : un jour le premier ministre annonce
qu'il va confier à la Mission interministérielle de lutte conte la drogue et
la toxicomanie (MILDT) le soin de rédiger un projet de loi visant à mieux
sanctionner les usagers de drogues interdites par l'Etat, essentiellement les
fumeurs de joints, de manière plus systématique. Le lendemain, ce même
premier ministre inaugurait le salon des alcools et spiritueux Vinexpo à
Bordeaux, en compagnie du maître de l'UMP et maire de cette cité, Alain
Juppé, incarnant ainsi parfaitement "la droite pinard contre les fumeurs de
pétards".



Une doctrine du deux poids deux mesures, du double langage, où l'alcool d'un
côté est considéré comme "un fléau" quand il s'agit de justifier en dernier
recours la prohibition du cannabis, sur le thème maladroit du "il ne faut pas
rajouter un autre fléau"*, et de l'autre une valeur nationale, et économique,
méritant toute l'attention et l'aide du gouvernement**.



Si c'est une bonne chose que les propositions de la commission d'enquête
sénatoriale sur les drogues illicites aient eu droit au mépris poli du
gouvernement, le Collectif d'information et de recherche cannabique (CIRC)
reste néanmoins révulsé par les objectifs poursuivis : il faut "modifier les
sanctions pour que la loi soit appliquée, comprise et applicable
immédiatement", déclare tout de go le directeur de la MILDT, Didier Jayle,
après avoir reçu ses ordres de Matignon, qu'il attendait avec impatience,
avouera-t-il.



Il reste cependant incompréhensible que l'on décide toujours de sanctionner,
et sévèrement, les consommateurs d'une substance bien moins dangereuse que
celle qu'est venu soutenir sans vergogne le premier ministre la veille à
Bordeaux. Ce qui sera toujours compris - et c'est la seule chose à comprendre
-, c'est ce caractère foncièrement injuste du dogme qui guide cette démarche,
visant, d'un côté, à sanctionner systématiquement les consommateurs de
cannabis, et d'autres substances illicites, prétendument au nom de la "santé
publique", et, de l'autre, cette mansuétude qui va jusqu'à soutenir
activement l'alcoolisme national**. On est, bien entendu, d'accord pour leur
laisser leur pinard, mais au moins qu'ils nous laissent nos pétards !



Pour tenter de masquer ces incohérences, on invoque donc sans arrêt la "santé
publique" comme une divinité païenne devant laquelle il faut se prosterner,
et fermer les yeux, qui réclamerait qu'on immole des victimes expiatoires en
signe d'adoration. D'abord à propos de la loi de 1970 à sa promulgation : "La
loi de 70 est une loi de santé publique qui permettait aux toxicomanes,
essentiellement des héroïnomanes à l'époque, d'avoir accès aux soins de
manière anonyme et gratuite", explique doctement le directeur de la MILDT. Ce
que la loi a amené, c'est seulement la contrainte et les sanctions pénales,
car, naturellement, les soins existaient déjà avant. C'est donc une
présentation trompeuse de cette vieille loi, symptomatique des objectifs
réels et non avoués, fort éloignés de la santé publique.



Et encore une fois pour le projet qu'il va préparer : prévention et
répression, "les deux sont importants, l'esprit de la loi c'est la santé
publique", justifie avec zèle Didier Jayle. Mais seule la prévention
appartient à la santé publique ! Et l'expérience a déjà montré et démontré
que la répression a toujours été désastreuse en termes de santé publique (et
de libertés et de sécurité publiques aussi). La santé publique est une fois
de plus utilisée comme prétexte fallacieux pour organiser le contrôle social
par un quadrillage policier, la chasse aux jeunes, et aux autres, avec la
lutte contre la drogue comme prétexte facile et donnant tous les droits à la
force publique. Future loi dont la MILDT et son directeur, Didier Jayle,
seront les maîtres d'ouvre, à la fois concepteurs, exécutants, juges et
parties au service d'une idéologie revancharde et réactionnaire.



Le CIRC rejoint néanmoins les pouvoirs publics quand ils déclarent qu'il y a
"consensus" pour considérer que la prison est une mauvaise chose pour les
consommateurs de drogues illicites - enfin ! Mais le CIRC tient à rappeler
que ce consensus s'arrête là, et n'existe pas quant à la
"contraventionnalisation", ou alors seulement dans les milieux
prohibitionnistes, de la gauche caviar et Ricard à la droite pinard ou
cigare.



CIRC PARIS



* Le mot " ajouter " ou " rajouter " supposerait qu'il n'y a pas, grâce à la
prohibition, de consommation de cannabis en France, ou du moins que celle-ci
serait très marginale. Or tous reconnaissent qu'il s'agit d'une consommation
de masse, malgré l'extrême sévérité des sanctions prévues, et souvent
appliquées. La légalisation n 'a donc pas pour but ou conséquence de "
rajouter " un " fléau " à ceux déjà existants, alcool, tabac, médicaments
psychotropes prescrits en masse, mais d'aborder cette consommation déjà
présente avec la même humanité, en évitant de marginaliser et d'exclure
socialement les personnes concernées par des lois ineptes et iniques. A
croire qu'on tente de disculper la nation de ses faiblesses traditionnelles
en étant impitoyable avec les modernes et contemporaines, comme un bouc
émissaire qu'on sacrifierait pour laver sa conscience.



** L'argent public aide par exemple la Collégiale des vins de Bordeaux à
financer des agences de communication pour donner le goût de boire aux
jeunes, comme le font la plupart des grands alcooliers. Dépenses s'ajoutant à
l'argent public déjà englouti dans la répression des fumeurs de cannabis (et
autres consommateurs de drogues interdites par l'Etat), alors que des
économies sont exigées de tous.



Voir aussi la critique faite par le CIRC Paris des travaux de la commission
d'enquête sénatoriale sur les drogues illicites :

http://www.circ-asso.net/senat.doc


"Un peu de culture"

Mythologie classique et prohibition



Souvent, dans l'argument prohibitionniste "ne par rajouter un autre fléau (au
fléau alcool)", on entend que si c'était aujourd'hui, on ne referait pas une
pareille erreur... Pourtant la tradition, la mythologie classique garde trace
d'anciennes tentatives de prohibition désastreuses, lors de l'introduction de
la vigne aux portes de l'Europe, à travers la vie de Dionysos.



Ainsi de la triste histoire de Lycurgue, roi mythique de Thrace, qui le
premier refusa l'introduction de l'ivresse en son pays : il fut en quelque
sorte l'inventeur sacrilège de la prohibition, qui offensa l'Olympe et les
immortels.



La version de ce mythe tirée de "la Bibliothèque d'Apollodore", compilation
érudite sous forme de résumés d'une tradition orale à l'époque hellénistique,
est comme une parabole de la prohibition moderne, où en chassant de manière
impitoyable le dieu-produit - la substance -, au point que le jeune Dionysos
dût se réfugier dans les profondeurs de la mer - dans la clandestinité -,
c'est son propre fils - le consommateur, la jeunesse de son royaume - que
Lycurgue mutila, qu'il tua par aveuglement et folie, ce qui mena son pays à
la ruine. Seule la mise à mort du roi sacrilège par son peuple a pu sauver la
contrée du châtiment divin.



Livre III, 5, 1. - (.) Lycurgue, le fils de Dryas, et roi des Edones qui
habitent sur les rives du fleuve Strymon, fut le premier à outrager Dionysos
et à le chasser de son pays. Dionysos se réfugia alors dans la mer, auprès de
Thétis, la fille de Nérée. Mais ses bacchantes furent emprisonnées, ainsi que
la multitude des satyres de son cortège. Les bacchantes furent aussitôt
libérées, et Dionysos frappa Lycurgue de démence. Complètement fou, Lycurgue,
persuadé de couper un sarment de vigne, atteignit de sa hache son fils Dryas,
et le tua. Il lui avait déjà tranché toutes les extrémités, quand il recouvra
la raison. Le pays fut frappé de stérilité, et le dieu prophétisa que la
terre donnerait à nouveau des fruits si Lycurgue était mis à mort. Ayant
entendu cela, les Edones le menèrent sur le mont Pangée et le ligotèrent ;
ensuite, par la volonté de Dionysos, il fut mis en pièces par ses chevaux.



Voilà de quoi contrer les élans lyriques des prohibitionnistes qui, à cours
d'arguments, en appellent parfois, avec emphase, à la sagesse antique.





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