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Bangkok ! [Post#: 2821 ]
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Pubdate: mardi 29 avril 2003
Source: AFP (Association France Presse)
contact: http://www.afp.com/francais/afp/?cat=contact
Website: http://www.afp.com
*La campagne antidrogue s'achève, doutes sur l'effet à long terme
(PAPIER BILAN)*
Samantha BROWN
BANGKOK (AFP) - L'implacable campagne antidrogue de trois mois lancée
par le Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra s'achève
officiellement mercredi, mais si des centaines de trafiquants ont été
tués ou placés derrière les barreaux, des doutes existent sur son
efficacité à long terme.
"Nous achevons la guerre de trois mois contre la *drogue*", a dit M.
Thaksin le week-end dernier, "elle a été couronnée de succès, plus que
je ne le prévoyais".
Avant même la fin de la campagne lancée en fanfare le 1er février, le
chef du gouvernement a donc crié victoire, balayant d'un revers de la
main les critiques sur la brutalité de l'opération émanant de groupes de
défense des droits de l'Homme, dont Amnesty International.
Les derniers chiffres font état d'au moins 2.275 morts, officiellement
des trafiquants tués par des membres de réseaux. La police a admis avoir
abattu, en état de légitime défense, 51 trafiquants présumés.
"En fait, les trafiquants sont des meurtriers, mais il tuent
graduellement leurs victimes", a dit M. Thaksin.
Le Premier ministre, fort néanmoins du soutien d'une majorité de la
population alarmée devant l'emprise de la *drogue* sur la société, se
donne jusqu'au début décembre, avant l'anniversaire du roi Bhumibol
Adulyadej, pour déclarer officiellement la Thaïlande débarrassée du
fléau de la *drogue*.
Que les méthamphétamines --essentiellement produites dans des
laboratoires à la frontière birmane-- posent un problème aigu à la
Thaïlande est reconnu par tous: 5% des 63 millions de Thaïlandais
seraient consommateurs, selon le Bureau international de contrôle des
stupéfiants, et la jeunesse est particulièrement en danger.
La campagne, menée sur l'ensemble du territoire, a entraîné une soudaine
raréfaction de l'offre et une forte hausse du prix des pilules de "yaa
baa" ("*drogue* qui rend fou"). Quelque 50.000 petits trafiquants
présumés ont été arrêtés --aucune annonce n'a été faite concernant de
gros bonnets-- et plus d'une vingtaine de millions d'euros d'avoirs ont
été saisis.
Mais les experts sont sceptiques sur l'efficacité à long terme de la
campagne.
"Ces gens (les trafiquants) pourraient être remplacés par de nouveaux,
les profits sont si attractifs", relève Thirapat Assawasangsit, expert à
la Commission nationale des droits de l'Homme, "je ne crois pas qu'ils
aient réalisé quelque chose de très significatif".
Chookiat Panaspornpravit, universitaire, explique de son côté que "le
problème de la *drogue* est chronique et très ancré depuis longtemps
dans la société thaie". "Avec du bon sens, tout le monde peut se
demander comment une campagne de trois mois peut complètement éradiquer"
un tel fléau, dit-il.
D'autres experts estiment que le gouvernement ne s'est pas attaqué à la
source du mal: la Birmanie voisine où les milices pro-Rangoun sont
responsables de la majorité de la production et du trafic de "yaa baa".
"Le gouvernement n'a pas négocié avec le gouvernement birman pour
arrêter la *drogue*", explique Sarawut Pratoomraj, de la Commission de
coordination des organisations des droits de l'Homme.
Le gouvernement Thaksin a été souvent critiqué par l'opposition pour
avoir été complaisant à l'égard de la junte de Rangoun afin de préserver
les intérêts économiques thaïlandais.
Beaucoup d'experts conviennent que le Premier ministre a eu le mérite
d'agir contre le fléau. Mais ils réprouvent la manière.
Pradit Charoenthaitawee, militant connu des droits de l'Homme qui a reçu
des menaces de mort après avoir exprimé son opposition à la campagne,
estime que "la réputation du pays a été salie".
"Il fallait déclarer cette guerre contre la *drogue*", dit-il, "mais
dans le cadre de la justice. Tout aurait dû se régler devant les
tribunaux, pas en coulisse comme ça".
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