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Zappiste
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Le vendredi 17 janvier 2003

La police communautaire tarde à se mettre en place

Sophie Allard
La Presse



Parce que les policiers se voient avant tout comme des «combattants du crime» et qu'ils préfèrent de beaucoup la chasse à l'homme à la prévention, la police communautaire tarde à se mettre en place, plus de cinq ans après son lancement.

«Les policiers désirent consacrer 80% de leur temps à la répression et seulement 20% à la prévention alors que la police communautaire propose exactement l'inverse», indique le sergent-détective Daniel Desbiens du Service de police de la Ville de Montréal, qui vient de publier une thèse de doctorat sur la résistance au changement dans les forces policières.

Selon M. Desbiens, qui est aussi enquêteur à l'escouade régionale mixte contre le crime organisé sous la direction de la Sûreté du Québec, de fortes résistances tant culturelles qu'organisationnelles viennent mettre un frein à l'implantation de la police de quartier.

«Dans notre société et au sein même des organisations policières, on valorise les agents qui effectuent des poursuites policières, des perquisitions, des filatures et des interventions tactiques. Les héros portent l'uniforme, revolver compris, dit M. Desbiens. Les policiers communautaires sont considérés de moindre importance, d'où leurs difficultés à accéder aux échelons supérieurs et à obtenir des postes convoités.»

D'après les recherches de M. Desbiens effectuées au sein du Service de police de la Ville de Montréal, les critères d'évaluation appliquées à l'embauche de recrues ou à l'octroi de promotions mettent l'accent sur la répression et valorisent le rôle «stéréotype» du policier. «Quel agent sera intéressé par la police communautaire s'il sait que son intérêt risque de lui couper toutes ses chances de bouger dans l'organisation ? fait observer M. Desbiens. Pourtant, le candidat idéal n'est pas, comme plusieurs semblent le penser, le gaillard mesurant 6 pieds 2 pouces et pesant 225 livres.»



À travers ses travaux, M. Desbiens porte un jugement sévère sur l'organisation policière. C'est pourquoi il se dit surpris de l'accueil favorable que ses collègues réservent aux fruits de ses recherches. «C'est très intéressant de voir qu'il y a une ouverture à réfléchir à l'avenir de la police communautaire, dit le sergent, qui a récemment donné une formation de deux jours à 150 cadres policiers sur le sujet. Les questions qu'on se pose sont nécessaires à l'évolution du rôle du policier.»

Comment voit-il la police idéale ? «C'est une police d'abord axée sur les citoyens et instaurée selon les particularités des quartiers, dit-il. C'est faux de prétendre qu'elle est possible là où les crimes sont omniprésents et où on lutte d'abord pour sa survie. Il ne faut pas confondre police communautaire et relations publiques et plutôt miser sur un bon dosage de prévention et de répression.»

Pour que tous les agents de patrouille intègrent à l'ensemble de leurs fonctions des tâches communautaires - et peut-être aussi pour éviter que des incidents de violence policière (par exemple, les affaires Barnabé et Lizotte) ne se reproduisent - M. Desbiens propose plusieurs pistes de solution. Sur sa liste de recommandations, on note : la promotion à l'interne de la police communautaire, la décentralisation du pouvoir (ou l'adoption d'une hiérarchie pyramidale renversée, opposée à celle déjà existante), la révision des programmes de formation des recrues, la mise en place d'une police axée sur la résolution de problèmes, la rotation des tâches de travail et la modification du style de gestion qui «favorise les cliques».

M. Desbiens, premier détenteur d'un doctorat au SPVM, ne se fait pas d'illusion. Il est conscient que, comme dans toute structure bureaucratique, les changements de mentalités sont longs à prendre forme. «Dans une vingtaine d'années, quand la police sera tout autre et que les policiers prendront plaisir à sortir de la voiture de patrouille pour faire autre chose que de la répression, on se dira que le début des années 2000 aura été un moment charnière dans l'histoire de la police d'ici.»






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